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À une semaine de Rambouillet, « ne pas faire du tribunal correctionnel un tribunal moral »

  • Photo du rédacteur: polynegabinari
    polynegabinari
  • 16 juin 2022
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 6 sept. 2022

Ce week-end, Ayih est arrêté près de l'église Saint Martin, à Montpellier. Appelée par le diacre, la police aurait été avertie d’un " comportement suspect ". L’homme de 39 ans est jugé devant le tribunal correctionnel.


Ayih a été arrêté près de l'église Saint Martin, à Montpellier ©Romuald Racciopo


" Mais que croyez-vous ? Moi aussi je veux savoir s’il est capable de me planter un

couteau dans le dos ? " Au bout du doigt pointé, le visage calme d’Ayih. De l’autre, la chevelure flamboyante de son avocate, Me Lapetina. Son client est accusé de port d’arme avec récidive et détention de stupéfiants. Il porte des dread locks, écrit des textes étranges sur un carnet et va à la mosquée trois fois par semaine. Face à eux, un tribunal qui semble avoir peur. Entre les lignes, la blessure encore trop fraîche de l’attentat de Rambouillet.


L’attente


Assis au fond de la salle depuis le début des comparutions immédiates de ce mercredi 28

avril, la grande carcasse de plus d’1m80 d’Ayih ploie sous quatre heures d’attente. 18h30,

la charpente se met en branle. Le prévenu se dirige vers la barre des témoins « Je me

baladais quand je suis passé à côté de l'église Saint Martin. J’ai eu envie d’aller à la messe

mais le diacre à l’entrée m’en a empêché. Il a ensuite appelé la police qui m’a embarqué »

Le tribunal s’indigne : " Et vous ne pensez pas que cela peut être à cause de cette chaîne

de trois mètres de long autour de votre cou et du couteau qui y était accroché ? » « Pourquoi vous lui avez dit Allahu akbar en partant ? » «Tutoyer un diacre, ça ne se fait pas, vous le savez ça aussi ? "

Enfin, vient la question tant attendue, teintée de colère et d’hésitation, le tribunal lance :

" Mais Monsieur... vous suivez un peu l’actualité ... Rambouillet ? Car on ne va pas dire

que c’était un musulman mais bon ... " Ne pas " éluder le contexte face à un individu au potentiel dangereux " est la conclusion de la procureure qui propose 12 mois fermes et l’interdiction du territoire de l’Hérault.


« Un tribunal de droit commun et pas d’exception »


L’avocate tape le poing sur la table. Elle est excédée. Elle commence sa plaidoirie : " Mais

au nom de Dieu, des musulmans, des juifs et de tous les autres, est ce qu’on est

aujourd’hui devant le tribunal antiterroriste ? " Elle s’explique : " Nous, on ne connaît

pas les marques de radicalisation, c’est pour ça qu’on en voit partout. " Expertise

psychologique à la main, elle démontre le sentiment d’injustice et non de radicalisation

de son client.

Pour elle, il faut " sortir de l’émotion " pour juger le présumé comme doit le faire un

tribunal de " droit commun " et non un tribunal " d’exception ". " Vous n’êtes pas un

tribunal moral chargé de la validation spirituelle des citoyens ", assène-t-elle. Trente

minutes de plaidoirie au bout desquelles elle se retourne vers Ayih. Elle lui sourit et

croise les doigts. Il sera condamné à 12 mois de prison dont 6 fermes.

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