top of page

Une heure avec... Un visiteur de prison

  • Photo du rédacteur: polynegabinari
    polynegabinari
  • 9 juil. 2022
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 6 sept. 2022



A 64 ans, Jean-Luc Thomas est visiteur de prison au centre de détention de Roanne. Loin du fracas des médias, il écoute depuis 14 ans la vie d’hommes et de femmes enfermés.






Cela fait plus de dix ans que vous êtes bénévole à l'association nationale des visiteurs de personnes sous main de justice (ANVP). De quoi s’agit-il ?

L’ANVP est un organisme sans but lucratif. Il apporte son soutien aux personnes détenues en envoyant des bénévoles discuter et échanger avec des prisonniers. Les rendez-vous se déroulent en général toutes les deux semaines avec des hommes ou des femmes dont les peines varient de 5 ans à la perpétuité.


©Louise Baratault

Comment se déroule une visite ?

Une visite dure entre 45 minutes et une heure, à quoi il faut ajouter une bonne demie-heure pour les formalités à régler à l’entrée. Une fois face au détenu, le rôle du visiteur est d’écouter et d’encourager la personne. Tous les entretiens sont confidentiels avec une

seule obligation : informer l’administration si l’on soupçonne des pensées suicidaires ou un projet d’évasion. Pour ma part, j'accompagne deux hommes et deux femmes depuis quatre ou cinq ans… avec le temps, on commence à bien se connaître !


Parfois, l’accompagnement dépasse aussi le cadre de la prison…

Cela arrive que le juge d’application des peines autorise des sorties exceptionnelles pour certains détenus. Dans ces cas-là, il peut nous être demandé de venir les chercher à la sortie ou, si c’est possible, de les accompagner durant leur permission. On peut penser que c’est banal mais pour quelqu’un qui n’est pas sorti depuis longtemps, l'extérieur peut être très choquant. Beaucoup ont l’impression que leur condition de prisonnier est inscrite sur leur front et certains peuvent même perdre la notion d’horizon. Quand on vit pendant plusieurs années avec un mur à 50 mètres de nos yeux, les grands espaces ça peut effrayer.



Une visite dure entre 45 minutes et une heure ©Louise Baratault

Une fois dehors, le visiteur a-t-il une responsabilité pénale sur la personne qu’il accompagne ?

Aucune. Il y a quelques années, j'ai accompagné un détenu spécialisé en cambriolage de musées nationaux pour une sortie à l’extérieur. On déjeunait quand il s’est mis à neiger. Je suis allé chercher la voiture mais quand je suis revenu, le gars avait disparu ! J’ai fait le tour du patelin… impossible de le retrouver… J’étais bien embêté ! J’ai ensuite été convoqué par la police qui voulait s’assurer que je n’étais pas son complice. Il n’y a jamais eu aucune suite mais après ça, j’ai fait modifier notre convention avec la prison afin que nous n’ayons aucune responsabilité pénale si la personne veut partir.


Quels bénéfices les détenus retirent-ils de ces échanges ?


©Louise Baratault

Pour beaucoup de détenus c’est une façon de découvrir le bénévolat. Il faut comprendre qu’ils sont nombreux à venir de milieux défavorisés où l’acte gratuit n’existe pas. Cette idée les impressionne souvent d’ailleurs. On est aussi régulièrement confronté à des personnes avec le moral dans les chaussettes qui ont cruellement besoin d’échanger. Alors, quand on repart et qu’ils ont le sourire, on peut se dire : c’est gagné !


Comment devenir visiteur de prison ?

Tous les bénévoles doivent avoir un agrément délivré par le service pénitentiaire d’insertion et de probation. C’est un document officiel que l’on reçoit généralement au bout de six mois après une étude du casier judiciaire et une étude de voisinage. Cet agrément est valable deux ans. À part ça, il n’y a pas d’autre condition sinon l’envie d’aider quelqu’un.


Comments


Ce site n'aurait pas été possible sans 

Léo Vincent (compositeur et chanteur), Romuald Racioppo (dessinateur), Flora Courouge (administratrice de théâtre), Eric Jayat et Lore, Anne-Charlotte de Rochechouart (directrice artistique et illustratrice), Liselotte Girard (conceptrice-rédactrice et illustratrice), Emilie Raisson (administratrice de production La compagnie des Hommes), Olivier Dion (photographe), Marie Pomme (journaliste), Marguerite Hennebelle (illustratrice), Louise Baratault (illustratrice), Chloé Sussi (illustratrice), Viktor Fretyan (architecte), Jean Barrucand (monteur)

bottom of page